23 Juin 2020
À en croire certaine, c'est Seznec qui s'y connaît en automobiles, pas Quéméneur.
C'est Seznec qui a trouvé l'annonce alléchante de commerce de Cadillac.
Il serait l'homme de toute confiance qui aurait persuadé son ami de trois ans de se lancer dans le commerce avec la Russie des soviets. Du moins qui le lui aurait fait croire.
D'investir plus de 100000fr dans cette affaire, tout ça le 22 mai, entre Landerneau et Brest.
Pour faire plaisir à son ami très cher, Quéméneur raconte des bobards à son banquier et à l'ancien maire de Landerneau.
Oblige son beau-frère à lui avancer 60.000f.
Faut-il qu'il l'aime ce bon ami...
Il s'embarque avec lui pour la Capitale.
Le paysan madré qui connaît Paris comme sa poche lui dicte de se faire envoyer le chèque 6, Bd Malesherbes, poste restante N°3, et de le faire libeller à l'ordre de la Société générale. C'est plus pratique, c'est juste à côté.
Voilà les deux bons amis partis pour Paris.
On les entend s'engueuler.
Ce sont des choses qui arrivent...
Passé Houdan, Seznec fait le coup de la panne. Il connaît bien le coin. Il y a des étangs, des frondrières , tout ce qu'il faut.
Un coup de cric sur le ciboulot.
Il emballe le corps dans une couverture noire prévue à cet effet.
Le cycliste qui passe par là n'y voit que du feu...
Non, en fait le feu, il ne le voit pas, il est sur le plancher de la Cadillac.
Les flammes, c'est plus loin dans une champignonnière
Et notre madré breton revient en Bretagne, raconte son voyage exténuant.
Il repart à Paris le week-end suivant. Avec les papiers de son ami très cher et aveuglé par l'amour
Seznec en homme fatal.
Il fait trois petits tours dans la capitale, pour bien se montrer, rencontre Gauthier, un gars de la haute, qui pourra témoigner et finalement, c'est le but de ce voyage, se rend au bureau de poste N°3 pour récupérer le précieux chèque avant d'aller le toucher à la banque d' à côté.
Mais la chance n'est pas de son côté : l'employé n'a pas vu le pli chargé, qui attend, là, dans son casier, depuis 5 jours qu'on vienne le chercher. Et cet imbécile d'employé ne sera même pas fichu de le reconnaître. C'est vrai qu'il est miro.
Pourtant, notre breton s'est donné du mal pour que nul n'ignore qu'il était à Paris ce jour là.
Il a même pris soin de se présenter à Madame Prigent qui a fait le voyage du retour Paris-Morlaix avec lui...
Il est fortiche notre paysan breton, pour avoir inventé toute cette affaire de commerce avec les russes, pour avoir imaginé toute cette correspondance avec la chambre du commerce américaine. Et il connaît bien Paris! Il sait que la chambre du commerce américaine est rue Taibout!
Fortiche, vraiment, notre assassin !
Il a même expédié tout le monde chercher Quéméneur au Havre.
Ben oui ! Puisque cet abruti de préposé ne lui a pas remis le chèque, il était bien obligé de tenter les fausses promesses de vente.
Retors en plus!
Il aurait dû écrire un roman.