Affaire Seznec Affaire Quéméneur-Seznec... Plusieurs livres ont été publiés et la BN a conservé la presse de l'époque, numérisée sur Gallica. Des auteurs ont eu le dossier entre les mains : D. Langlois, D. Seznec, B. Rouz, G. Penaud Ce n'est qu'en 2015 que j'ai eu connaissance de cette affaire par le livre de Denis Langlois : pour en finir avec l'affaire Seznec. J'ai voulu en savoir plus.
13 Octobre 2022
Certains(es) journalistes se sont acharné(e)s à éplucher tous les faits et gestes de Guillaume Seznec pour prouver par A+B que ce n'était qu'un mercanti.
Les mêmes canonisent Pierre Quéméneur.
C'est pourtant lui-même, et non Guillaume Seznec, qui a expliqué l'affaire à Gabriel Saleun et à Julien Legrand.
Le journaliste du Matin et celui de l'Ouest-Eclair ont interrogé Boudjema Gherdi qui nous apprend qu'il connaissait Pierre Quéméneur comme un gros acheteur des véhicules des stocks. Un négociant en bois a forcément besoin de camions. Pierre Quéméneur avait deux voitures en sus de la Cadillac. Personne ne s'est penché sur les activité mercantiles du Conseiller général qui, lui aussi, vu son âge, avait été mobilisé dans les mêmes services auxiliaires que Guillaume Seznec pendant les hostilités, qui a fait lui aussi des affaires en vendant du bois aux américains. L'armée américaine était plus rémunératrice que l'armée française !
Langellier et Cie veulent absolument que ce soit Guillaume Seznec qui ait monté, voire inventé cette affaire de Cadillac.
Nous découvrons grâce à André Cayatte et à Boudjema Gherdi que Pierre Quéméneur était très au fait des bénéfices que l'on pouvait tirer des stocks américains.
À Paris il avait des informateurs. Peut-être Gherdi qui ne veut pas avoir l'air de connaître le disparu. Gherdi dit " l'Americain " , qui a fréquenté le camp américain de Romorantin, qui a peut-être été le chauffeur du Consul des États-Unis en France, qui était sûrement au fait des possibilités de vente de véhicules à la Russie.
Si des annonces ont été publiées dans le Journal l'Auto elles ne pouvaient lui échapper.
"J'ai un ami à Paris ".
"Que j'ai souvent rencontré "
"Qui a sûrement une bonne situation dans son pays "
Chauffeur du Consul ?
Secrétaire du Consul ?
Détenteur de documents et de tampons de l'administration américaine, de la Chambre de Commerce américaine ?
Ou plutôt interlocuteur des annonceurs de l'Auto ? Qui, eux, avaient une véritable situation dans l'administration américaine, qui, eux, ont pu lui faire parvenir des documents émanant de leur gouvernement pour mettre le breton en confiance.
Interlocuteur des annonceurs qu'il devait présenter à Pierre Quéméneur le 26 mai 1923?
Kearney ? Il était rentré aux États-Unis en avril. Turrou ? Il était de retour en France fin mai. C'est Robert Bareford qui l'atteste.
Cette annonce était-elle une annonce honnête ou une arnaque ?
Une annonce honnête devenue une arnaque ?
Une annonce honnête devenue sans objet, les acheteurs s'étant désistés.
Si l'on en croit Petit-Guillaume qui, contrairement a ce qu'affirme Langellier, n'avait AUCUN intérêt à raconter des salades à sa famille, Pierre Quéméneur serait revenu à Morlaix. Il y a-t-il eu une dispute avec Marie-Jeanne pour cause d'argent perdu comme je l'ai longtemps pensé avec Bertrand Vilain et d'autres ?
Il y a-t-il eu chantage affectif par un homme qui avait secrètement jeté son dévolu sur cette femme et qui voulait profiter de cet échec commercial pour être le chevalier blanc qui lui proposait son secours ? C'est ce que je pense aujourd'hui.
Triste histoire.
Guillaume Seznec trahi aurait alors tout pris sur lui pour sauver son honneur et par amour pour Marie-Jeanne.
Le Commissaire Camard qui a interrogé Gherdi en 1956 l'a mis hors de cause car il a cru en sa bonne foi. Mais Gherdi était-il de bonne foi?
Cela n'a en fait que très peu d'importance. Il faisait, ou pas, partie du réseau impliqué dans cette affaire de Cadillac. Au mieux il n'était qu'un relais. Ce que nous apprenons de sa bouche c'est que Pierre Quéméneur n'était pas un novice en matière de commerce automobile. Si c'est difficile d'imaginer qu'un personnage comme Turrou soit entré directement en contact avec le Conseiller Général du Finistère, un intermédiaire du genre de Gherdi rend la rencontre plus crédible. Il avait pignon sur rue, un pied à l'ambassade des États-Unis et l'autre dans certain ministère français si l'on en croit le témoin de l'émission de Pierre Bellemare. Devant le commissaire Camard il a fait l'idiot du bled pour échapper à une mise en examen pour un crime dont il est très probablement innocent.