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Affaire Seznec Discussion

Affaire Seznec Affaire Quéméneur-Seznec... Plusieurs livres ont été publiés et la BN a conservé la presse de l'époque, numérisée sur Gallica. Des auteurs ont eu le dossier entre les mains : D. Langlois, D. Seznec, B. Rouz, G. Penaud Ce n'est qu'en 2015 que j'ai eu connaissance de cette affaire par le livre de Denis Langlois : pour en finir avec l'affaire Seznec. J'ai voulu en savoir plus.

Avocat vs Avocat...Le prévenu ayant botté en touche, avantage à l'accusation...

Ouest-Eclair du 6 octobre 1932
Ouest-Eclair du 6 octobre 1932

Ouest-Eclair du 6 octobre 1932

CR de la plaidoirie de Me Lamour par Jean Tholomé.
CR de la plaidoirie de Me Lamour par Jean Tholomé.

CR de la plaidoirie de Me Lamour par Jean Tholomé.

À ce jour il y a un fait nouveau qui n'a pas été examiné par la justice,  c'est le témoignage de Francis Bolloch. 

Si l'accusation de Hervé et de Privat,que je n'ai jamais lus, ni l'un ni l'autre- si ce n'est sur le blog de L.Langellier-tombe à plat car le témoignage des marins de la Marie-Ernestine ne prouve rien, il reste que le témoignage de Francis Bolloch ne nous laissera jamais en paix. 

« De son côté, M. Bolloch, le chauffeur de Guingamp, a été interrogé, il a été incapable d'affirmer que c'était bien Quémeneur qu'il avait transporté à Plourivo le 27 mai. » in Langlois.

Liliane Langellier 

Ce qui ne signifie pas que ce n'était pas lui!

Quant on est commerçant c'est difficile d'affirmer qu'on a vu un mort. Et pourtant c'est fou ce que son passager lui ressemble !

Il était assis à côté de lui, et son amoureuse était à l'arrière. Il s'est contenté d'écouter. Il n'a pas fait attention à la tête de son client. 

Pardessus, lorgnon, chapeau rond...un quidam en quelques sortes qui n'était pas encore à la une des journaux des Côtes du Nord !

SEZNEK,  blog "affaire Seznec revisitée "

Prenons les choses dans l’ordre. Charles-Victor Hervé naît à Pluzunet (Côtes d’Armor)  le 31 août 1892, ses parents sont tous deux instituteurs. Le jeune Hervé, boursier départemental, entre en apprentissage, il sera mécanicien dans la marine. Le 19 novembre 1908, à 16 ans, il est engagé volontaire à la mairie de Lorient, il est renvoyé dans ses foyers le 31 octobre 1909, réformé pour tuberculose pulmonaire. A cela, vient s’ajouter la perte partielle de la mobilité d’un bras, due à un accident d’atelier. A la mobilisation de 1914, il est incorporé le 18 septembre et, la même cause produisant le même effet, il est réformé le 18 décembre 1914 par la commission de réforme de Vitré. Charles-Victor Hervé, le “preux” selon un bon mot supposé de Clémenceau et répété à l’envie, a effectué en tout et pour tout 3 mois de service militaire contre l’Allemagne. Et à ce jour, Denis Seznec et d’autres répètent inlassablement qu’il a des états de services longs comme le bras dans le service du contre-espionnage. Cherchez l’erreur.

Faire carrière dans la marine était le souhait du jeune Charles-Victor, celle-ci ne voulant pas de lui, il devra se satisfaire d’un poste d’employé de bureau à la mairie de Vitré. Le 7 septembre 1915, il se marie à Saint-Brieuc avec Jeanne Joséphine Marie Monfort. La demoiselle naît à Kermoroc’h en 1886, son père y est notaire. Elle n’a que 10 ans lorsqu’un drame vient endeuiller la famille. Sa mère est assassinée sur la route près du village, à 10 heures du matin, le 26 novembre 1896. Une somme d’argent (100 francs) qu’elle avait sur elle lui a été dérobé. Les enquêteurs peinent à mettre la main sur l’auteur du crime, un individu est suspecté mais mis hors de cause après 6 mois de prison. En 1904, le coupable est finalement arrêté, après des aveux à un compagnon de cellule. Ilien, tenancier d’un bar-épicerie à Kermoroc’h, avait suivi Mle Montfort venue demander de la monnaie dans son commerce, il commit son méfait afin de lui subtiliser 50 francs qui correspondaient au montant que lui réclamait maître Montfort pour une affaire en cours. La cour d’Assise condamne l’assassin Ilien à la peine capitale, la cour de Cassation entérine le verdict. Une grâce présidentielle commue la peine aux travaux forcés à perpétuité. Il décède à Cayenne en 1905.

Mle Montfort perd son père en octobre 1913. Maître Montfort était également conseiller général du canton de Bégard. Revenons au mariage de Charles Victor Hervé et de la demoiselle Monfort. La fête (s’il y eut fête) fut de courte durée. Quelques jours après la célébration, Charles Victor apprend le décès de son frère sur le front. Charles Marie est tué au combat à Vienne-le-Château, le 7 septembre 1915, c’est-à-dire le jour du mariage de son frère avec Mle Montfort

Charles Victor Hervé revoit ses ambitions professionnelles, il change de fusil d’épaule et s’oriente vers des études de droit. Sa capacité en droit en poche, il débute en 1919 une carrière dans la magistrature : nommé juge de paix (Pontrieux), puis juge d’instruction (Guingamp). Après diverses péripéties qui ont marqué le tribunal de Guingamp (notamment affaire Loth-Valoris), il démissionne de sa fonction, un peu contraint, en août 1930. Il connaît alors une période perturbée, voire agitée. Il s’en prend à son ancienne administration dans un livre-pamphlet, il s’investit entièrement dans la défense de Guillaume Seznec, y perdant parfois pied. Cette période d’activité débridée et dense n’en est pas moins confuse et il faut, au couple Hervé, affronter d’autres difficultés familiales.

En 1913, après le décès de Félix Monfort, beau-père de Charles Hervé, l’étude notariale est reprise par Jean-Guillaume Le Nir, originaire de Briec (Finistère). Son fils, Jean-Yves, lui succède en 1921. Ce dernier, né le 17 juillet 1893, épouse le 24 avril 1920, Yvonne Marie Madeleine Montfort, devenant de ce fait beau-frère de Charles Victor Hervé. Détail d’importance : Jean-Yves Le Nir a un frère jumeau, Guillaume Corentin Marie. Celui-ci, est tué sur le front le 4 septembre 1916, (à Belloy-en-Santerre). Cette mort brutale est très mal vécue par le frère survivant. Sa santé en pâtit, il soigne épisodiquement ses tourments par l’alcool et fait subir à ses proches ses sautes d’humeur.  De mal en pis, cela se termine dramatiquement en 1932. Lors d’une longue scène d’excès et de violence, il tue sa femme, puis retourne son fusil de chasse sur lui, laissant trois orphelins de 3, 7 et 9 ans, dont Charles-Victor Hervé deviendra le tuteur.

Nous sommes à ce moment dans la procédure juridique qui oppose la famille Quéméner au journal La Province. A la dernière audience, Hervé, à l’origine du conflit, se fera remarquer par son absence. Le gérant du titre de presse paiera cette désinvolture, il sera lourdement sanctionné.

En une trentaine d’années, l’épouse de Charles-Victor Hervé perdait sa mère (assassinée), son père, deux beaux-frères (guerre 14-18), une soeur (meurtre), un beau-frère (suicide)… de quoi infléchir sensiblement l’ambiance familiale. Hervé s’est suffisamment empêtré et parfois fourvoyé dans la défense de Guillaume Seznec, qu’il n’est peut-être pas utile de charger la barque en racontant sur lui tout et n’importe quoi et d’user la calomnie pour le discréditer. 

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S
Bonjour<br /> <br /> Je m’étais très souvent demandé quelle était l’origine de cette « information » comme quoi Hervé avait appartenu aux services secrets durant la guerre 14-18 . Après quelques recherches, j’en avais conclu que c’était un article de « Détectives » (ou « Radar » ?) qui avait créé la légende . Mais non, en me procurant un exemplaire de " Debout, magistrats de France", je me suis rendu compte de mon erreur : c’est Hervé lui-même qui en parle le premier, ornant la quatrième de couverture de la reproduction de son « passe », un vulgaire médaille qu’on distribuait dans les foires ...Il faut bien reconnaître que ce bouquin est des plus étranges. Quant à l’affaire dont il fait l’objet, Loth-Valoris, c’est un sac de nœud, qui , je vous le rappelle, avait intéressé Quéméneur.<br /> <br /> Si Hervé avait été si fou que cela , pouvait-on lui confier la tutelle de ses neveux ?<br /> <br /> Pour moi, Hervé reste l’un des mystère de notre affaire.<br /> <br /> Bien à vous<br /> <br /> Skeptikos
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C
Bonjour,<br /> J'ai lu hier une article de Jean Michel Martin, publié ce matin sur mon blog résumant l'affaire Loth Valoris. Une affaire politico-strategique digne de l'archipel des goulags.<br /> Quelque soit la pathologie dont souffrait notre juge, qui a peut-être être été un espion perspicace pendant la guerre ( "c'est un preux" aurait dit de lui Clemenceau ) et qui est devenu un juge de paix détective et limier acharné. Exalté, hypomaniaque, voire carrément maniaque, très éprouvé par la guerre et par la vie nous explique Seznek. Il a reçu Seznec à son retour du bagne et Seznec a rapidement dit à des journalistes " Je suis innocent, je connais le coupable " . Qu'est-ce que François Le Her a raconté à Petit-Guillaume à son sujet ? Allez savoir.<br /> Quoiqu'il en soit cela n'invalide en aucun cas le témoignage de Francis Bolloch, trop imprécis parce que trop honnête. Il n'a pas vraiment prêté attention à son passager et s'est dit incapable de le reconnaître sur photo. Un avocat pénaliste ne peut pas prendre en compte ce témoignage pour la défense de Seznec car trop imprécis.