Il avait tellement confiance !

La Dépêche de Brest 27 juin 1923

"Il avait tellement confiance qu'il voulait immédiatement adresser par courrier le cautionnement de 10 000 fr. Je parvins à l'en empêcher "

"Il paraissait à ceux qui le fréquentaient qu'il avait une grande confiance dans cette affaire et qu'il craignait qu'on la lui enlevât. "

Pour réaliser cette opération il fallait à notre homme un certain budget :

10 000 fr pour avoir le marché et 10 à 15 000fr par voiture à acheter pour le 2 juin : 10 pour commencer. 

Charly devait, le 26 mai, présenter Pierre Quéméneur à un des personnages importants de l'affaire. 

Si on maintient Gherdi dans le rôle de Charly et l'ancien fonctionnaire de l'ARA qu'a débusqué Bertrand Vilain dans les archives du FBI, dans celui du personnage plus important de l'affaire, le client américain n'allait pas attendre pendant 107 ans que le marché soit conclu. 

Quéméneur en est devenu un homme pressé. Il y avait urgence à ne pas rater cette affaire. 

"...Je reussis à le convaincre qu'il était imprudent d'aller chez son beau-frère à Pont- L'Abbe chercher les fonds nécessaires à l'opération. Il consentit donc, sur mes instances, à se les faire envoyer à Paris en un chèque "

Eh! Oui!

Notre homme pressé va bousculer son beau-frère, le notaire Jean Pouliquen pour qu'il lui rende dare-dare l'argent qu'il lui doit. 

Cet argent va se balader, sous forme d'un chèque barré, envoyé en recommandé, dans les canaux de la poste qui mettra beaucoup de mauvaise volonté à correctement l'acheminer. Le 2 juin on répond à qui vient le réclamer qu'il n'est toujours pas arrivé.  Et on ne sait toujours pas qui l'a réclamé. 

De même que l'on a d'abord dit à Jean Pouliquen, très inquiet pour son argent que quelqu'un l'a réclamé le 26 mai. On ne sait pas qui. Mais cela ne pouvait être que Pierre Quéméneur. 

Le 26 mai Pierre Quéméneur était toujours vivant. 

D'ailleurs Francois le Her révèle rapidement à la police de son quartier qu'il l'a récemment rencontré à Paris. 

Lorsque, à partir du 20 juin, il devient évident qu'il est arrivé malheur au Conseiller général, et qu' à partir du 1er juillet Seznec est devenu le suspect N° 1 ce genre de témoignage de survie n'arrange pas notre notaire. Si on écoute tous ces témoins de survie, c'est pas demain la veille qu'on déclarera le beau-frère décédé et la famille devra attendre 30 ans son héritage ! Il fallait "couler" ce fâcheux temoin.

Quant aux autres,  tels Me Danguy des Déserts ou Alfred Lajat, ils se sont manifestés tellement tard qu'ils n'avaient plus qu'à se rétracter devant l'évidence : la police et la presse ont unanimement condamné Seznec. Le procès ne sera désormais qu'une formalité.