Affaire Seznec Affaire Quéméneur-Seznec... Plusieurs livres ont été publiés et la BN a conservé la presse de l'époque, numérisée sur Gallica. Des auteurs ont eu le dossier entre les mains : D. Langlois, D. Seznec, B. Rouz, G. Penaud Ce n'est qu'en 2015 que j'ai eu connaissance de cette affaire par le livre de Denis Langlois : pour en finir avec l'affaire Seznec. J'ai voulu en savoir plus.
3 Mars 2024
Puisque il est question de la garde-robe de Pierre Quéméneur, précisons que sa sœur a aussi appris aux enquêteurs qu'il avait emporté pour le voyage son manteau de laine et un chapeau.
Le soir du 25 mai 1923, il faisait froid à Houdan. À tel point que le chef de gare est descendu pour couvrir ses tomates, afin qu'elles ne gèlent pas.
En toute logique Pierre Quéméneur portait son chapeau et son manteau. Pourtant les témoins de la gare de Houdan décrivent un homme chauve...
Comme sur la photo du journal.
Le Juge Hervé, Me Philippe Lamour, Claude Bal, mettent en évidence le côté évolutif de ces témoignages à géométrie variable. Nous ne sommes sûrs ni des horaires, ni même de la date.
Guillaume Seznec et Pierre Quéméneur sont arrivés à 16h à Dreux ( cf Bernez Rouz) ; après 30 minutes, puis 2h de réparations de leur auto, il était 18h 30. N'oublions pas l'apéro offert par deux hommes pressés.
Qui regarde sa montre chaque fois qu'il fait quelque chose?
Logiquement à 19h les deux voyageurs quittaient Dreux. Et comme l'a écrit Claude Bal, il est tout à fait possible qu'ils soient arrivés à Houdan à 19h 45 et en soient repartis à 20h 15 pour se diriger à nouveau vers Dreux.
Quand bien même ils seraient repartis de Dreux à 20h, et même si il était 21h 15 lorsqu'ils ont quitté Houdan, ils pouvaient arriver à temps pour que Pierre Quéméneur prenne à Dreux le train de Paris à 21h 58.
Certes, Me Langlois, avocat pénaliste en charge d'une demande de révision a corroboré les horaires de cette soirée retenus par la justice lors de la condamnation de Seznec. Avait-il d'autre choix ? Quand la vérité judiciaire est gravée dans le marbre par un verdict, les hommes de lois sont obligés de faire avec la chose jugée. Seul le romancier peut chercher la vérité historique derrière la vérité judiciaire.
Lors de la demande de révision qu'il a soutenue, il a tenté de contester les dates concernant les témoignages des cheminots de Houdan sur la base de données météorologiques. Ses arguments n'ont pas été reçus par la commission de révision.
Dans leurs premières déclarations, les témoins de la gare de Houdan ont été tellement évasifs sur la date d'un incident qu'ils ont constaté fin mai. Il s'agissait d'une voiture dont le passager était un monsieur chauve.
Guillaume Seznec a toujours dit que c'est Pierre Quéméneur qui conduisait et Pierre Quéméneur portait très certainement son chapeau.
Plusieurs journalistes ou autres auteurs ont décrit les intimidations de la Sûreté Générale lorsqu'elle voulait faire concorder les témoignages avec ses thèses.
Même si les cheminots de la gare de Houdan ont réellement vu la Cadillac à 22h 10, il y avait encore un train de marchandises qui partait à 22h 40.
J' ai retrouvé une carte postale du café de la gare à Houdan. Il était très en retrait des bâtiments. C'est devant ce café que Seznec a cru avoir déposé Pierre Quéméneur. Toujours sous la pression de l'interrogatoire musclé de la Sûreté.
La Cadillac a pu tout aussi gagner la gare de Versailles puisque, au retour de son épopée, le garagiste Hodey a remarqué le 26 mai que le châssis était maculé de goudron frais. D'après les journalistes de l'époque c'est à Saint Cyr l'Ecole que se trouvait ce goudron.
L'horaire de cette soirée a été bâti sur des témoignages qui ne concordent pas. Therese Malet ne peut pas avoir vu la Cadillac à la même heure que Pierre Dectot. D'ailleurs, n'y avait-il qu'une seule Cadillac sur la Nationale 12 ce soir là ?
Et de toutes façons les témoins de la gare auraient dû voir deux hommes qui portaient un chapeau.