30 Novembre 2024
Des marins qui ont entendu des coups de feu sur la grève de Traou-Nez. 4 se sont accordés à dire que c'était dans la nuit du 24 au 25 mai 1923. Un cinquième que c'était en période de mortes-eaux. La douane que c'était dans la nuit du 26 au 27.
Des ouvriers travaillant sur le pont de Lézardrieux ont vu deux hommes jeter une caisse de 2m3 depuis le pont dans le Trieux, faisant gicler l'eau jusqu'à 6 où 7 m.
Sur les cinq témoins, pas un seul ne donne une date proche du 27 mai. Deux la situent à partir de la mi-juin. Mais bien sûr ça ne prouve rien. Les enquêteurs se faisant indiscrets, une malle funèbre, planquée quelque part, a peut-être nécessité une mesure plus radicale pour la faire disparaître.
Un aubergiste est recruté comme taxi pour transporter un voyageur de Guingamp à Traou-Nez. Ce voyageur semble être le propriétaire de Traou-Nez ou son régisseur. Et le transport est daté du 27 mai. Peut-être parce que à l'époque cette date arrangeait le juge Hervé pous fignoler son scénario.
Le disparu avait été vu à la gare de Rennes le 26 mai 1923
Tous ces faits laissent irrémédiablement l'ombre d'un doute.
Le juge Hervé a eu tort d'accuser sur la base de ces faits en les interprétant de façon subjective.
Mais ces faits sont têtus.
Ou bien la noce Guyomard s'est terminée dans la nuit du 26 au 27 et les bateliers ont eu les derniers échos de ces festivités. Le 27, le régisseur de Traou-Nez, qui était invité lui aussi à la noce, se serait retrouvé à Guingamp et se serait fait ramener au domaine pour donner des ordres à son garde et faire arrêter les coupes de bois. Après la parenthèse de la noce il fallait que les affaires reprennent.
Ou bien il y a eu un crime à Traou-Nez dans la nuit du 26 au 27 mai. C'est ce que l'équipage de la Marie-Ernestine a ressenti. À tort ou à raison.
La justice n'a pas suffisamment exploré les faits de Plourivo. Vérifié les dates. Les personnes présentes sur les lieux. Les conflits entre Pierre Quéméneur et ses partenaires en affaire.
Le juge Hervé a fait une synthèse hasardeuse des événements rapportés par des témoins locaux. Plus personne ne donne crédit à sa thèse. Même pas les défenseurs de Seznec .
Eux ne retiennent qu'une chose :
"Un siècle après on ne sait toujours pas ce qui s'est exactement passé et notamment le principal : où , quand et comment Quémeneur a trouvé la mort ? Dans ces conditions, même si de très lourdes suspicions pesaient sur lui, Seznec aurait dû être acquitté du meurtre de Quémeneur. Un siècle après, en dépit de toutes les recherches, nous sommes toujours dans la même situation."
D. L. Correspondance privée