Ce qui a dû se passer

Plusieurs scénarios possibles

Puisque des journalistes se sont permis une interprétation personnelle des faits je ne vois pas pourquoi je ne proposerai pas la mienne. 

Pierre Quéméneur et le couple Seznec se sont liés d'amitié. Une amitié forte. Pierre fréquentait assidûment les propriétaires de la scierie de Traon ar Vilin et dormait souvent chez eux ,deux fois par mois a dit la bonne. 

Pierre Quéméneur qui n'ignorait rien des problèmes de trésorerie de ses amis, bien qu'homme d'affaires avisé, a vu son intérêt à monter avec eux un projet commercial qui les tirerait tous d'affaires. 

Il a eu quelques déboires avec l'affaire Valoris, puis avec la faillite de son courtier. 

Visiblement, il manque de trésorerie lui aussi puisqu'il doit solliciter son banquier pour une ouverture de crédit, qui ne lui est pas accordée, puis son beau-frère pour une avance de 60 000fr, au grand dam de celui-ci. 

Le notaire s'inquiète de cette collusion enthousiaste de Pierre avec le couple Seznec, s'inquiète de la vente de la propriété de Traou-Nez hors de son étude, et surtout s'inquiète pour ses sous. 

Pierre Quéméneur et les Seznec avaient des projets. Que Guillaume l'ait informé de l'affaire à faire avec la Russie c'est possible, mais toujours est-il que Le conseiller général de Sizun en parle savamment à son banquier. 

C'est par lui que nous connaissons le détail de cette affaire. Seznec n'a fait que la corroborer. Ainsi d'ailleurs que Julien Legrand. 

Pierre Quéméneur était confiant, euphorique, bizarre a même soufflé Julien Legrand à un journaliste. 

Bref il est vraiment partie prenante de l'aventure. 

Ce que sa famille n'a pas perçu. 

Son frère Louis a reconnu toutefois être au courant. 

Les deux partenaires  sont partis ensemble. Un seul est revenu de ce voyage d'affaires à Paris. 

On a dit, en écartant les témoins de survie, que Guillaume Seznec est le dernier à avoir vu Pierre Quéméneur vivant. 

Parce que les souvenirs des témoins de survie sont lointains, qu'ils n'ont pas accordé une importance énorme sur le moment à ce qu'ils ont vu, ils sont flous. Tous ont du mal à les dater. Ils se contredisent. Mais ce n'est pas parce qu'ils se contredisent qu'ils s'annulent. 

Malgré le travail de sape qui a été fait contre François Le Her son témoignage ne contredit pas celui de Francis Bolloch et nous avons la piste de Plourivo. 

Le plus assuré est tout de même celui de Me Danguy des Déserts qui aurait vu Pierre Quéméneur à la gare de Rennes le 26 mai à la mi-journée. 

À partir de là tout est imaginable. 

Il a pu renoncer en cours de route à l'affaire des Cadillac et revenir à Rennes pour finir de traiter une autre affaire pour laquelle il s'était déjà déplacé dans la capitale bretonne le 24 mai. 

L'a-t-on revu ensuite ? Petit-Guillaume affirme que oui. 

Ce retour à Rennes le 26 mai serait aussi compatible avec les événements de Traou-Nez de la nuit du 26 au 27 mai. 

Pierre Quéméneur y était attendu pour une noce qui a pu durer jusque là. 

Mais si c'est bien le 27 mai que Francis Bolloch a transporté un passager qui pouvait tout aussi bien être Louis Quéméner, nous tiendrions de ce dernier la preuve qu'il y avait promesse de vente de la propriété dont une clause était d'arrêter la coupe des arbres. 

Le scénario le plus crédible serait donc celui de Petit-Guillaume. 

Un drame, non pas digne  de la série Harlequin, mais de la tragédie balzacienne. 

L'accusation a été un peu vite en besogne, pressée par le notaire qui avait besoin d'un meurtrier et qui voyait en Guillaume Seznec le coupable tout désigné.