Affaire Seznec Affaire Quéméneur-Seznec... Plusieurs livres ont été publiés et la BN a conservé la presse de l'époque, numérisée sur Gallica. Des auteurs ont eu le dossier entre les mains : D. Langlois, D. Seznec, B. Rouz, G. Penaud Ce n'est qu'en 2015 que j'ai eu connaissance de cette affaire par le livre de Denis Langlois : pour en finir avec l'affaire Seznec. J'ai voulu en savoir plus.
27 Janvier 2025
À Commana, les Julots désignait l'aristocratie paysanne des propriétaires fonciers dont faisait partie la famille Quéméner
Comme vous le savez, je lis chaque jour les articles de Liliane Langellier concernant l'affaire qui nous occupe.
Hier elle a relaté un échange qu'elle a eu avec Jean Miliau Gorion.
En voici un extrait fort intéressant.
"De l’autre côté, un ami généalogiste, ancien médecin à Saint-Thégonnec, né en 1951, apparenté à Quéméneur, m’a dit récemment que l’on ne parlait guère de lui dans la famille, car « il avait une réputation mafieuse, coureur de femmes »".
Un membre de la famille est meilleur juge que notre blogueuse et son partenaire généalogiste qui doutent.
N'oublions pas qu'après la grande guerre Pierre Quéméneur, en tant que Conseiller Général a participé à la liquidation des stocks.
Par ailleurs son alliance avec l'armée américaine lui a fait faire de grands profits en tant que fournisseur de poteaux de mines.
Seznek se tait toujours mais il nous avait ouvert les yeux dans ses derniers articles sur l'aspect mafieux de grands industriels.
Collusion entre industriels de guerre et politiques locaux, omerta sur toute cette activité = mafia.
Omerta sur le plan Cadillac pour la Russie. C'est bien probable. Guillaume Seznec l'explique clairement .
Quant au côté coureur de jupons de Pierre Quéméneur, qui s'en étonnera ? Soirée dans un cabaret à Rennes, témoignage de la dame Petit, sous entendus de l'épicière de Traon Ar Vélin, et même d'Angéle Labigou !
Tout cela donne du corps à ce que Petit-Guillaume a expliqué à sa famille.
On a idéalisé la famille Quéméner. Jean Millau Garion remet les pendules à l'heure.
L'affaire des Cadillac, telle que présentée par Pierre Quéméneur est-elle un trafic de Cadillac
À première vue non, puisqu'il s'agit de racheter des véhicules régulièrement vendus pendant la liquidation officielle des stocks , pour les revendre à un organisme russe qui en avait besoin. ...
Dans l'enquête de Frédéric Pottecher, André Cayatte explique qu'en tant que Conseiller Général du Finistère il a eu à présider des commissions pour l'attribution des stocks.
"Et puis, comme ils sont déjà en retard et qu'ils doivent se coucher tôt pour partir le lendemain matin à Paris, et bien, ils vont aller finir la soirée dans un bar plus que louche "La Source". Genre café-concert ou ancien claque, au choix (ou les deux d'ailleurs).
C'est logique, tout ça.
Là aussi, aucun fin limier ne s'est penché sur les avantages avantageux des demoiselles de "La Source" pour savoir si par hasard...."
Liliane Langellier 6 juillet 2015.
"Pour clore cet emploi du temps a priori limpide nos deux vendeurs de Cadillac terminent calmement la soirée au café-concert La Source, dans le quartier de la gare."
Liliane Langellier 24 mai 2023.
"Quéméner et Seznec passent ensuite une heure au café-concert La Source.
Ils rentrent à l’hôtel et demandent au personnel de les réveiller à 5 heures du matin."
Blog affaire Quéméner Seznec.
C'est bien connu que dans toutes les familles c'est l'amour inconditionnel, qu'il n'y a jamais de ruptures ni de jalousies... d'ailleurs, les successions se passent toujours très bien.
Liliane Langellier
Sur ce dernier point je suis tout à fait d'accord avec L.Langellier.
Il n'échappe à personne que dans la famille Quéméner Pierre était le mandarin dont tous dans la famille était redevables.
Son subit engouement pour le couple Seznec, ses projets acabracadabrants de collaboration avec le maître de scierie ont déplu à la "clientèle " familiale et vraisemblablement extra-familiale.
En tous cas Maître Jean Pouliquen s'en plaint ouvertement.
Quelques précisions apportées par Jean Miliau Gorion et qu'il m'a personnellement adressée.
Qu'il en soit remercié.
"Refuser d’examiner toutes les pistes, c’est désigner d’emblée un coupable. Or, dans cette affaire, nous ne trouvons, de manière certaine, ni cadavre ni coupable, simplement un disparu et un suspect, qui n’a jamais été présumé innocent, comme cela aurait dû. La « réputation mafieuse et coureur de femmes » de Quéméneur m’a été fournie par une personne (née en 1951) dont la grand-mère (décédée en 1986) était la fille d’une cousine germaine de Pierre Quéméneur"
Pouliquen, orphelin de père, est issu d’une famille pauvre. Frère d’un simple maçon, il est devenu clerc de notaire puis a profité, au lendemain de la guerre, des largesses de Quéméneur qui lui a permis d’acquérir son étude. Le décès supposé de ce dernier a dû être, pour lui, une aubaine. En effet, il ne s’est pas trouvé dans l’obligation d’avoir à rembourser intégralement la somme prêtée, du fait de son union avec sa sœur. Comment s’est-faite leur rencontre, lui étant à Châteaulin, elle à Saint-Sauveur ? et combien de fois se sont-ils vus avant de se marier ? il a été démobilisé en avril 1919 et le mariage a été célébré seulement neuf mois plus tard. Autrefois, les alliances se forgeaient au sein de milieux comparables. Cela n’a pas été le cas ici. Pouliquen a su se placer avantageusement. Il n’était pas commun alors de voir un pauvre clerc obtenir la main de la sœur d’un riche parvenu, et de recevoir, comme une dot, un prêt de 100 000 francs pour s’acheter une étude. Je regrette que l’on n’en sache pas plus sur la nature exacte des intérêts qui liaient les deux hommes. Ambitieux, Quéméneur a tenté à plusieurs reprises de se faire élire au conseil d’arrondissement puis au conseil général, en arborant les couleurs du parti conservateur, clérical, antirépublicain. Il n’y est parvenu qu’en 1919 après avoir fait fortune, durant la guerre, dans le commerce extrêmement lucratif de bois, lequel lui a permis d’acheter une belle et vaste demeure à Landerneau, un domaine forestier à Plourivo et d’avancer 100 000 francs à son beau-frère. Si on ne veut pas le considérer comme un profiteur de guerre, on peut au moins le regarder comme un homme d’affaires opportuniste qui a su profiter des circonstances. A noter, en ce qui concerne sa famille : Deux sœurs malades ou aliénées, un frère moine, sa sœur Jeannie (c’est ainsi qu’elle signe) qui se fera religieuse après sa disparition. Il a aussi eu un oncle prêtre ainsi qu’une tante et une cousine religieuses. Il était très proche de l’Eglise qui, à cette époque, n’était en rien comparable à celle d’aujourd’hui. La loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat a été adoptée pour restreindre l’emprise hégémonique du clergé catholique sur les populations. C’était le cas particulièrement dans le Léon
" Dans le secteur où a grandi Quéméneur, certains agriculteurs appartenant à des familles riches et proches du clergé, étaient particulièrement hautains et méprisants. Ceux qui en étaient victimes s’en vengeaient en les affublant du sobriquet péjoratif de « julod ». Michel Quélennec, de Guiclan, dans son ouvrage « la fumée au-dessus du toit » (2012) (page 29), rapporte une conversation entre son grand-père et Jean François Rannou (1867-1952), cousin germain de Pierre Quéméneur. Venant de croiser un voisin, le grand-père de l’auteur demande : « Qui est cet homme ? » Rannou lui répond : « nous ne connaissons pas les gens de moyenne extraction. » A partir de 1912, Quéméneur adopte une nouvelle signature, d’une écriture totalement différente. L’opinion de graphologues serait intéressante à ce sujet car elle est singulière. D’un paraphe classique, il en adopte un enveloppé, qui pourrait être interprété comme exprimant un caractère dissimulateur. Il se singularise aussi en signant Quéméneur et non Quéméner comme les autres membres de la famille."