Vraies et fausses promesses de vente

Lorsque les petits fils Seznec, interrogés par Anne-Sophie Martin, nous ont appris, sur France 2, que Quéméneur avait dans  la poche de son veston exemplaire de la promesse de vente de Traou Nez, j'ai vu la confirmation de mon raisonnement. 

En effet, si Seznec a pu présenter des fausses promesses de vente à la police,  c'est qu'il était certain qu'on ne retrouve pas les vraies. Par exemple lors de la perquisition de Ker Abri. 

Et s'il en était si sûr c'est que Pierre Quéméneur avait son exemplaire sur lui. 

Est-ce si étonnant ?

L'Americain avec qui il a rendez-vous l'a prévenu le 21 mai pour le 26.

Il a 3 jours pour trouver les 100000 fr nécessaires pour emporter le marché. 

Sa banque ne lui accorde que 10 000fr 

Son beau-frère lui envoie 60 000fr qui n'arriveront à Paris que le 28 au plus tôt. 

Il a certes les dollars de Marie-Jeanne. 

Mais cela ne fait pas le compte. Il a besoin de cette promesse de vente pour rassurer son partenaire. 

Peut-être une promesse de vente rédigée à Landerneau ou à Brest, remise aux Seznec en contrepartie de leurs dollars. 

Un document en bonne et due forme, sur papier timbré, acheté à Morlaix. 

Marie-Jeanne a dit que le document a été dactylographié avec une machine qui avait un ruban bicolore rouge et noir. Certains mots sont effectivement écrits en rouge !

Denis Seznec, " Nous les Seznec ", p.142 

"-Sur l'acte de vente de Traou Nez, que vous nous avez pris, il y avait des lettres avec des traces rouges, je m'en souviens. Regardez, le ruban de celle-là est tout noir ! Il n'a pas servi à taper l'acte de vente, c'est évident "

Bien sûr cet argument servira à prétendre que cette machine a été placée là par la police. 

Marc du Ryez 

Rapidement, n’ayant pas le temps de faire une recherche approfondie, je répondrai à madame Jourdan, qui s’interroge sur la couleur du ruban de la machine à écrire découverte chez les Seznec, à partir d’une déclaration de Marie-Jeanne que j’avais lue dans la presse et qui se retrouve dans le livre de Denis Seznec. Dominique Inchauspé a écrit  : «  la machine que le juge montre à Chénouard présente un ruban bicolore et violet que le client/Seznec avait demandé à Chénouard de mettre à la place du ruban d’origine.  » Cette machine possédait donc encore vers le milieu du mois de juillet 1923 le ruban installé le 13 juin précédent sur requête de Guillaume Seznec et ayant servi à taper les promesses de vente. Bien entendu, «  bicolore et violet  » est une expression incorrecte  ; ce ruban était certainement rouge et violet (pas de noir) et les promesses de vente étaient très probablement bicolores. De toute façon, si le ruban bicolore avait été ensuite remplacé par un ruban noir, cela n’aurait en aucun cas disculpé Guillaume Seznec, comme semblait le prétendre sa femme, car c’est bien la machine dissimulée dans la chambre de leur chauffeur qui a servi à taper entre le 13 et le 20 juin deux promesses de vente que Pierre Quéméner ne pouvait donc pas avoir signées le 22 mai.

Je remercie Marc du Ryez pour cette précision. 

Reste à savoir si les fausses promesses de vente sont bicolores. 

On est bien d'accord, l'exemplaire trouvé dans la valise de Quéméneur et l'exemplaire présenté au commissaire Vidal par Guillaume Seznec sont des FAUX, qui ont été tapés avec la machine à écrire achetée au Havre le 13 juin 23 par Seznec et qui par conséquent n'ont pas pu être signés par Quéméneur. 

Par contre il est très vraisemblable qu'il y ait eu des originaux. 

Les petits-fils  nous disent que Quemeneur en avait un exemplaire sur lui. Pas étonnant, c'était une garantie de solvabilité pour son interlocuteur américain. 

Et si Quemeneur est revenu à Morlaix le 27,c'est pour renégocier cette vente, voire la résilier. Soit pour les raisons avancées par Bertrand Vilain. Soit parce qu'il a compris pendant le voyage que les Seznec ne seraient pas solvables.