Pour en finir avec l'affaire Seznec

C'est d'abord en 2015 le livre de Denis Langlois qui fait connaître le témoignage du fils de Guillaume et Marie- Jeanne Seznec. 

Il situe le retour de Pierre Quéméneur à Morlaix dans la nuit du 25 au 26 mai et dans la journée du 26. C'est l'hypothèse la mieux étayée car elle est confirmée par le témoignage de Me Danguy des Déserts qui pense avoir croisé le Conseiller général dans la gare de Rennes le 26 mai à 14h 30.

Guillaume Seznec est-il rentré lui-même dans la journée du dimanche 27 mai ? Rien n'est impossible car son voyage retour de Paris à Morlaix le 26 et 27 mai n'a aucune traçabilité. 

FR3 Bretagne 19/5/2023:

Le secret de la famille Seznec

Pierre Quéméneur aurait été tué accidentellement à Morlaix par Marie-Jeanne Seznec, épouse de Guillaume, à laquelle il faisait des avances. Cette thèse est défendue par Denis Langlois, ancien avocat de la famille, qui dit avoir été mis dans le secret en 1978 par l'un des petits-fils de Guillaume Seznec, Bernard Le Her.

Ce dernier l'aurait appris de son oncle "Petit-Guillaume", fils de Guillaume Seznec, témoin des faits alors qu'il n'avait que 11 ans, un dimanche du mois de mai 1923.

Guillaume Seznec serait ainsi à moitié innocent: il aurait bien rédigé les fausses promesses de vente mais n'aurait pas tué Pierre Quéméneur.

" Ce n'est pas une hypothèse complètement folle, c'est tout à fait plausible et pas en contradiction avec les pièces du dossier", estime Me Langlois, qui plaide pour une réhabilitation de Guillaume Seznec " au bénéfice du doute". 

C'est ensuite l'ouvrage de la journaliste Anne-Sophie Martin qui a recueilli la confirmation  du témoignage de leur père de la bouche même des petits fils de Guillaume et Marie-Jeanne Seznec. 

C'est le travail de recherches de Bertrand Vilain qui a rendu plausible l'affaire des Cadillac, prouvant ainsi que Guillaume Seznec n'avait pas menti et n'avait pas attiré Pierre Quéméneur dans cette histoire pour lui tendre un guet-apens. 

Il n'y aura pas de révision. 

Tout le monde devra donc en rester au jugement de la Cour d'Assises de Quimper du 4 novembre 1924.

La vérité historique ne coïncide probablement pas avec la vérité judiciaire. Elle n'est certes  pas flatteuse pour le couple Seznec, que leur propre fils a sévèrement jugés.

Mais il s'agit tout de même d'une toute autre histoire que j'ai tenté de reconstituer sous une forme romancée. Mais ce n'est qu'une hypothèse qui prétend montrer que les faits connus peuvent être agencés autrement que comme l'a fait l'accusation. 

C'est Pierre Quéméneur qui a dit avoir trouvé une annonce alléchante dans la presse, et cette annonce n'est pas de Bollon qui n'a jamais eu de contact avec lui.

C'est Pierre Quéméneur qui a commencé à chercher des voitures à revendre dès le 9 mars 1923.

C'est Pierre Quéméneur qui avait rendez-vous le 26 mai avec un américain qu'il a décrit à son banquier.

Pierre Yves Le Berre, Alfred Lajat,  voire François Le Her disent avoir vu Pierre Quéméneur à Paris entre le 26 et le 30 mai. 

Guillaume Seznec fils a vu Pierre Quéméneur  inanimé dans la salle à manger de ses parents un dimanche ensoleillé qui pourrait être également le 3 juin 1923.

Un blogueur, "Seznek",  affirme dans "l'affaire Seznec revisitée" que Marie-Jeanne était à Plonevez- Porzay le 3 juin 1923.

p. 106 : la journée du 3 juin est zappée, Marie-Jeanne se déplace à Plonévez-Porzay, mais Guillaume ? – en fait, il part dès le matin pour Trégastel avec son voisin Rams, le buraliste  de la rue de Brest – il eut été intéressant de questionner Rams sur l’itinéraire suivi pour le comparer à celui du 12 juin.

Cette allégation figure dans la première édition de nous les Seznec de Denis Seznec. Elle a été supprimée dans la dernière. À Plonévez-Porzay Marie-Jeanne aurait parlé de l'achat de Traou-Nez à un boulanger.

il y a bien dans le dossier la déposition d'un boulanger qui va dans ce sens. Mais c'est le 21 Juin que Marie-Jeanne lui aurait fait cette confidence. 

Le 3 juin 1923 Guillaume Seznec, de retour d'un second voyage à Paris par le train qui l'a déposé à Morlaix ce dimanche à 6h 05, est passé chez lui tôt le matin, puis est reparti avec Julien Rams à Tregastel. Il est rentré dans l'après-midi. Ce qui correspondrait au témoignage de Petit-Guillaume :" il est passé le matin. Il est venu l'après-midi ".

Il a pu aussi vouloir dire " Pierre Quéméneur est passé le matin,  mon père est venu l'après-midi.

Le drame peut, comme l'a fait Denis Langlois, être situé le 27 mai 1923. Ce que confirmerait le témoignage de Me Danguy des Déserts qui pensait avoir croisé Pierre Quéméneur à la gare de Rennes le 26 mai.

La presse locale ( La Résistance) rapporte que l'enquête de police a établi que la chaudière de la scierie a été allumée vers le 4 ou 5 juin. Des pièces à conviction auraient pu y être détruites. Tels le manteau de laine du disparu, un de ses costumes, son chapeau, son lorgnon et un canapé de bois qui a disparu. Les fouilles de Morlaix ont permis de retrouver, à l'endroit désigné par Petit-Guillaume, des scories contenant, entre autres, des débris métalliques. 

Pierre Quéméneur avait besoin de beaucoup d'argent pour ce voyage à Paris. Il a cherché à emprunter 100 000 fr à sa banque. Il a réclamé 60 000 fr à son beau-frère. Il a dit à  Julien Legrand que Seznec mettait 40 à 50 000 fr dans l'affaire. 

La banque n'a pas prêté, le chèque du beau-frère n'a pas été délivré, par erreur du postier, car il a été réclamé. Par qui ? Nul ne le sait. 

Que sont devenus les 40 à 50 000 fr des Seznec ?

Perdus dans le marchandage de l'affaire des Cadillac ?

La cause de la dispute entre Pierre Quemeneur et Marie-Jeanne ?

Petit-Guillaume a dit à ses fils et à son neveu que cet argent a été perdu. Qu'il a entendu son père s'en plaindre. Il a supposé que c'est pour tenter de récupérer cette somme que ses parents auraient fait des faux.

Que s'est-il réellement passé entre Pierre Quemeneur et Marie-Jeanne Seznec ? Guillaume, le fils de Marie-Jeanne a deviné qu'il s'agissait d'une affaire sentimentale ou sexuelle. Certains se disent qu'il pourrait s'agir d'un différend financier. Ou peut-être les deux!